Quelle est ta pratique, ton métier ? (comment tu la nommes, la définis)
Le mouvement inattendu : le corps dansant le déséquilibre et l'amortissement de la chute que ce soit en macro ou en micro-mouvement. L'idée et la qualité de cette gestuelle pour moi viennnent de la même vision – ou j'irai même dire un fantasme – d'un mouvement audio-visuel dansé, comme celui que l'on perçoit dans le bruitage, le mélange des musiques pop, rock, funk, hip-hop, et comme celui d'un d'une énergie pétillante dans un mélange de percussions qui vibrent le corps d'un citoyen soi-disant du monde dans un mariage à Tunis.
Qu’est-ce que le chorégraphique pour toi aujourd’hui ?
Mettre à vue ce que l'on produit comme état de corps au quotidien ; comme le contact et la rencontre entre les un(e)s et les autres qui fait hommage à un lieu, un espace, un temps et un mouvement, le tout inscrit le corps dans un paysage sonore et/ou visuel.
Quels sont les sujets que tu travailles et/ou qui te travaillent ?
. La relation entre son et mouvement,
. Le corps en activité,
. Le corps de l'ouvrier,
. Le corps virtuose et sportif,
. Les ondes et l'hommage,
. Le fantôme,
. Le corps en difficulté.
Quels sont les artistes (toutes pratiques confondues) qui ont compté pour toi ?
— Qu’as-tu appris ou découvert auprès d’eux ?
. William Forsythe :
— La capacité de voir et rendre le mouvement comme un support, avec la possibilité de s'inscrire comme un outil spatial, visuel, poétique, numérique et infini.
. Trisha Brown :
— Le release est une mise en mouvement qui a épuisé et articulé ma manière de bouger dans un laboratoire qui mélange toutes pratiques du corps venant de mes origines avec des pratiques urbaines et autres, issues de la danse contemporaine. Cela m'a permis d'initier une danse pétillante et une recherche actuelle intitulé : comment être épuisé sans être dramatique ?
— L'utilisation du chorégraphique pour s'inscrire dans l'environnement autrement.
— Être artiste parmi d'autres et non pas comme les autres.
— Rapporter une chose à la table et non pas être seulement consommateur des idées des autres.
— Laisser une trace sonore, dansante, écrite, qui pourra servir à améliorer et articuler la recherche des un(e)s et des autres.
Comment envisages tu la relation aux publics ?
Faire ce qu'on ne maîtrise pas et le rendre accessible à un témoin non connaisseur de l'art.
En tant qu'artiste, chercheur et citoyen Tunisien, je pense trouver la réponse à cette question dans les quartiers à Tunis. À travers les pratiques urbaines mais aussi des échanges simples entre les un(e)s et les autres pour attirer l'attention vers l'espace public, comme source d'inspiration qui nourrit la création chorégraphique. Dans l'autre sens, porter l'attention sur le plateau et les lieux de performance de la création chorégraphique et scénique en général, qui valorise et questionne ce que l'on aborde dans l'espace public.
Que manque-t-il à notre époque ?
Il faudra soit moins de distance dans l'entre corps à l'intérieur de l'espace public ou plutôt apprécier et renforcer cette distance comme étant un espace physique et audio-visuel puissant qui valorise le corps de l'individu à l'intérieur d'un groupe, donc la place de la personne dans ce qu'on appelle ''le vivre ensemble''.