Myriam Gourfink © Peggy Kaplan
Danseuse et chorégraphe

Myriam Gourfink

biographie

Les techniques respiratoires du yoga fondent la démarche de Myriam Gourfink. L’idée est de rechercher la nécessité intérieure qui mène au mouvement. Guidée par le souffle, l’organisation des appuis est extrêmement précise, la conscience de l’espace ténue. La danse se fait lente, épaisse, dans un temps continu. Cette connaissance du mouvement et de l’espace permet de concevoir des chorégraphies sans phase d’exploration en atelier. Grâce à ce qu‘elle subodore d’une situation dansée, nul besoin de se mouvoir pour ressentir la danse : Les sens et l’intellect la reconstituent sans avoir besoin de l’action. Ainsi, comme les musiciens, elle a développé une écriture symbolique pour composer l’univers géométrique et l’évolution poétique de la danse.

Ayant étudié la Labanotation avec Jacqueline Challet Haas, elle a entrepris à partir de ce système une recherche pour formaliser son propre langage de composition. Chaque chorégraphie invite l’interprète à être conscient de ses actes et de ce qui le traverse. Les partitions activent sa participation : il fait des choix, effectue des opérations, fait face à l’inattendu de l’écriture, à laquelle il répond instantanément.

Pour certains projets, les partitions intègrent au sein de l’écriture, des dispositifs (informatisés) de perturbation et re-génération en temps réel, de la composition pré-écrite : le programme gère l’ensemble de la partition et génère des millions de possibilités de déroulements. Les interprètes pilotent – via des systèmes de captation – les processus de modification de la partition chorégraphique, qu’ils lisent sur des écrans LCD. Le dispositif informatique est ainsi au cœur des relations d’espace et de temps. Il permet, au fur et à mesure de l’avancement de la pièce, la structuration de contextes inédits.

Figure de proue de la recherche chorégraphique en France, mais également invitée par de nombreux festivals internationaux (Springdance à NYC, Künsten festival d es arts à Bruxelles, Festival de La Bâtie à Genève, Festival Danças Na Cidade à Lisbonne, etc.) Myriam Gourfink a été artiste en résidence à l'IRCAM en 2004/2005 et au Fresnoy - studio national des arts contemporains en 2005/2006. De janvier 2008 à mars 2013 elle a dirigé le Programme de recherche et de composition chorégraphiques (PRCC) à la Fondation Royaumont, et de 2012 à 2014 a été artiste en résidence au Forum de Blanc-Mesnil et soutenue par le conseil général de Seine-Saint-Denis. Depuis 2015, elle est accueillie en résidence de saison à Micadanses.

Plus d'infos : www.myriam-gourfink.com

 

Démarche

Pour composer et écrire j’utilise des données et des processus abstraits. J’écris, à la table, avec un langage que je développe depuis 2002, il hérite de la Labanotation, mais vise la création et non la notation d’une danse déjà existante. Cette écriture est en perpétuelle évolution, car chaque pièce se structure à partir d’un environnement spécifique qui se construit à partir de la vision globale du projet. J’effectue une collecte des notions que je considère être en relation avec ce que je vise, ces éléments me permettent d’élaborer un lexique puis la partition. La composition consiste à venir décoder l’intelligence des éléments collectés, leurs relations, leurs articulations possibles. Il s’agit d’écouter, d’observer et comprendre ce qui est à l’œuvre à l’intérieur de l’environnement posé.

Les danseurs qui lisent et interprètent ces partitions utilisent la technique corporelle à la base de mon travail, qui repose sur la conscience du souffle, sa circulation, et la répartition du poids du corps, sa coulée.

C’est le travail d’Odile Duboc qui pour ma part a orienté mon rapport à la gravité. Je le ressens comme un temps de descente verticale du poids, puis un temps d’écoute de ce qui remonte du sol à travers le corps. Le yoga m’a aidé à discerner la sensation d’une respiration physique et celle d’une respiration ténue sur le fil du souffle, avec laquelle la technique s’est développée. Ce travail donne à ressentir le corps comme un volume résonnant, la perception est non seulement happée par l’espace interne mais tout autant par l’espace environnant, le corps est poreux il est dans l’air. Un nouvel enjeu c’est alors présenté celui de prendre en compte en dansant la pression atmosphérique, se laisser porter par l’air et donner à voir ce soutien. S’est imposé le désir d’être le témoin de la rencontre entre chaque cellule et chaque molécule d’air. Ces très petits espaces sont mesurés par la perception et ceci donne naissance à une danse dont le temps s’étire, certains parleront de lenteur.
— Myriam Gourfink