Biographie

Matthieu Barbin

Questions

Quelle est ta pratique, ton métier ? (comment tu la nommes, la définis)

Je pense qu’il serait trop convenu de me définir comme danseur, galvaudé de parler d’artiste, et vulgaire de mettre chorégraphe alors je ne sais pas. Je crée, seul ou en collaboration, j’essaye de remettre systématiquement ma pratique en question et continue de travailler comme interprète auprès de plusieurs artistes.

 

Qu’est-ce que le chorégraphique pour toi aujourd’hui ?

Un lieu, une constitution d’archive, une architecture, un livre, une carte, une photo, une conférence, une étude scientifique, un article, un jeu de Tarot, un dessin, une sculpture, un nightclub, une matière, un costume, un espace, tout sauf peut-être de la danse.

 

Quels sont les sujets que tu travailles et/ou qui te travaillent ?

L’effacement, le corps outil, le territoire, la mémoire, les formes et les prismes,  le corps archive, la communication des sciences et des arts, la plasticité des espaces performatifs. Je ne peux pas dire qui des sujets ou de moi travaillent sur l’autre mais j’ai besoin de la présence d’un lien obsessif réciproque dans cette relation.

 

Quels sont les artistes (toutes pratiques confondues) qui ont compté pour toi ?
— Qu’as-tu appris ou découvert auprès d’eux ?

Roland Barthes, Pierre Huyghe, Jay McInerney, Boris Charmatz, Rebecca Solnit, des fantômes, The UPSBD, Michael Ackerman, Alix Eynaudi, Eikoh Hosoe, Apichatpong Weerasethakul, SMITH, Julien Salaud, et d’autres. 
— Que tu peux tout apprendre puis tout rejeter sans règles établies. Que tout ne doit pas nécessairement se créer dans un rapport masochiste. Qu’il ne faut pas chercher à inventer, à s’inventer. Qu’il faut sans cesse questionner les formes et suggérer de nouveaux médiums. Enfin, qu’il faut proposer mais ne jamais imposer.

 

Comment envisages-tu la relation aux publics ?

Je l’imagine dans une certaine horizontalité. J’ai envie de partager l’endroit ou je me situe concernant ma pratique. Je souhaite poser des questions et proposer des clefs, que les publics s’en emparent puis s’en séparent. Je souhaiterais que lorsque les gens assistent à mes pièces, ils repartent avec des filtres dont ils se serviront ou pas, des filtres qui les interrogeront dans l’instant ou plus tard. Des clefs qui leurs permettront de se plonger dans l’inconnu et d’étendre ainsi les frontières de l’individu. 

 

Que manque-t-il à notre époque ?

De nouveaux systèmes de pensée ?