Jérôme Souillot
biographie
Je ne comprends pas, je veux voir.
Je dessine.
Je cherche du lien, le calme, des abris, des clartés.
Il me semble que l’acuité viendrait en disparaissant.
Les yeux dans le vague je suis éveillé.
Je reste là.
— Jérôme Souillot
Jérôme Souillot est né à Arcachon en 1973.
C’est un dessinateur, peintre, vivant à Toulouse dans son appartement-atelier en face de la cathédrale Saint-Sernin. Inclassable. Après cinq années d’études d’art à Pau, il choisit de s’orienter vers les arts de la scène. D’abord en tant qu’acteur, danseur dans la compagnie de théâtre "Parlez-moi d’amour" de Claude Bardouil puis comme scénographe auprès de Coraline Lamaison dans Ex/Stase Narcisses-1 (2010) et Désastre ou la fascination du pire présenté à la galerie GHP (2010). On a pu le voir jouer et répéter au CDCN de Toulouse, au Théâtre de la Digue ou encore au Théâtre Sorano… Cette expérience de la scène ne le quittera pas. Depuis toujours, le dessin et la peinture font partie de lui et prennent aujourd’hui une place évidente. La BD, le street art, la musique, la danse, le théâtre, la nature, les ressacs de l’Océan l’inspirent.
Depuis deux ans, il réalise discrètement une série de dessins intitulée La nuit dernière. Chaque jour un dessin, une vision du rêve de sa nuit dernière, telle une gymnastique matinale rituelle. "The Mind is a Muscle" (l’esprit est un muscle) disait la danseuse et chorégraphe américaine Yvonne Rainer. À sa manière, il parvient à faire remonter à la surface une image de ses rêves. Les paysages de ses Landes natales font partie de sa palette intime. On y voit la douceur des vallons, le sillon du vent dans les herbes hautes, la délicatesse des nuages vaporeux, la lumière changeante, l’ambiance des villes endormies du bord de mer à la basse saison.
Certains jours, ses dessins s’animent, le mouvement chahute les formes, les couleurs, on ressent la puissance des éléments, cette force qui nous dépasse.
Il n’a pas peur du vide. Le blanc enveloppe comme de la ouate chaque dessin. Les cadres ne servent plus à rien, les frontières entre le réel et l’imaginaire tombent. On rentre dans un temps suspendu, une rondeur, un cocon, un arrêt sur image. Il parvient à coucher sur le papier ces moments fragiles où l’on se prend à rêver… absent et tellement vivant.
Changement de point vue et autre manière d’interroger l’intime dans un projet Le dessinant qu’il réalise ponctuellement dans des lieux publics, comme en décembre 2017 au pub "The Dispensary". Il s’installe à une table et dessine ce qu’une personne lui confie. Voici la règle du jeu : "Le dessinant propose une consultation. Il s’agit de lui donner quelque chose. Cela peut être un objet personnel, une histoire, un souvenir, un rêve, un secret. Après un court entretien entre les deux parties autour d’un verre d’alcool, le dessinant fabrique un dessin à partir de la conversation. Le dessinant s’engage à garder le secret de la consultation. Il n’est ni dessinateur public, ni juge, ni prêtre ou psychiatre ou parapsychologue, il est juste celui qui dessine". Il prend cette matière personnelle et la transcende. À la fin de la soirée, sur le mur s’accumule les dessins de chaque confident. Si on ne peut s’empêcher d’imaginer le point de départ du dessin, chacun brode sa propre histoire.
Le format resserré de ses dessins crée un rapport intime avec l’œuvre, une plongée immédiate dans un monde onirique. Pourtant le rêve panoramique de l’effraie pas.
En juin 2017, il partage avec Bénédicte Thoraval une exposition à la galerie Metaxu à Toulon intitulée Cabane, clac, shack. Changement d’échelle, chacun utilise son trait pour créer un espace transformé en cabane, un refuge éphémère, lieu de l’enfance et de l’imaginaire.
On retrouve cette envie de grand format en janvier 2018 sur la façade du Pavillon blanc à Colomiers avec la réalisation d’une fresque géante éphémère de La nuit dernière.
Dans ses dessins les plus récents on y voit souvent un passage qui s’ouvre dans les bosquets, dans le feuillage d’arbres mystérieux ou sous une colline. Une invitation à rentrer dans un monde imaginaire, une grotte végétale accueillante et généreuse, jamais inquiétante. Il a dompté les couleurs qui lui faisaient si peur et qu’il réservait "aux grands". Pas de complexe à avoir, il mixe sa propre palette dans un fragile équilibre. Les couleurs fluo jaunes, roses sont tempérées par des verts profonds, des noirs luisants adoucis par des tons plus pastel. Un rêve éveillé.
— Sandrine Teste, février 2018
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Plus d'informations
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Le Dessinant : http://ledessinant.tumblr.com/
La scénographie : http://scenojeromesouillot.tum...