Biographie

Geoffrey Badel

Exposition From a speck of dust to strange things de Geoffrey Badel

Du jeudi 5 mars au jeudi 9 avril 2020 [entrée libre] — La chambre d'écho
Vernissage de l'exposition : jeudi 5 mars 2020 à 19h → REPORT SAISON 20/21 
 

Réouverture de l'exposition : samedi 26 septembre 2020 de 14h à 18h dans le cadre de l'ouverture de saison
Du samedi 26 septembre au vendredi 20 novembre 2020 [entrée libre] — La chambre d'écho 
Fermeture contrainte à compter du 30 octobre 2020 

La magie, le paranormal, l’ethnographie et les croyances populaires nourrissent une démarche artistique dont les codes visuels et gestuels interrogent l’entre-deux, rendent perméable la frontière entre expériences empiriques et situations irrationnelles. Diplômé de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier (MO.CO. Esba), Geoffrey Badel explore la promiscuité entre le dessin, l’installation, la vidéo et l’art-action.

Du Gouffre de l’Œil Doux dans l’Aude, à Fort Cochin en Inde, en passant par les palais de Venise, sa recherche plastique et performative est indissociable de son contexte d’apparition et de son histoire. Geoffrey Badel est également membre du collectif In Extremis et de la compagnie Futur Immoral (Paola Stella Minni et Konstantinos Rizos).

 

From a speck of dust to strange things de Geoffrey Badel

« Je suis Jeanne la folle… Ursuline la folle. 
J’ai la cervelle de côté. 
Vous gagnerez plus à me mener à Saint-Mathurin. » 
Exorcisme de Jeanne des Anges, supérieure des Ursulines de Loudun

Pays-frontière à la jonction du documentaire et de la fiction, l’exposition From a speck of dust to strange things [un grain de poussière menant à des choses étranges] est l’incarnation d’un para-monde où l’histoire du bâtiment qui abrite aujourd’hui le Centre Chorégraphique National de Montpellier résonne grâce à la collaboration de Geoffrey Badel avec le collectif La Nuit Du Chasseur (Recherches sur l’Invisible). En janvier 2020, durant deux nuits, l’équipe professionnelle française queer de chasseuses de fantômes, est intervenue dans le lieu afin de tourner une enquête dans l’intention de créer une communication avec les entités présentes.

From a speck of dust to strange things évoque la notion de parcours géographique et mental. De cette formulation qui lui est apparue pendant qu’il effectuait des recherches sur les orbes – ces tâches blanches de forme circulaire apparaissant parfois sur les photos grâce au flash de l’appareil – l’intérêt de l’artiste se porte sur une double interprétation de ces formes, sont-elles des preuves d’existences fantomatiques ou grain poussière ? Avec la popularisation des caméras numériques dans les années 1990, des croyances et études ont émergé : les orbes constitueraient non pas un phénomène optique, mais un phénomène paranormal. Selon cette interprétation, les orbes seraient des entités qui se matérialiseraient au même titre que les fantômes, des manifestations de l’au-delà, voire des ovnis. Pour certains, les orbes sont porteurs de messages. Pour d’autres, ils ne sont rien d’autre qu’une simple poussière.

Œuvre in situ, l’exposition établit un dialogue entre une photographie qui présente l’ensemble des témoins de l’enquête, une série de dessins automatiques réalisés par l’artiste selon le protocole Ganzfeld dans les trois principaux studios de danse et une vidéo immergeant le visiteur dans les images de l’enquête paranormale.

Cette proposition tente de créer une porosité interdisciplinaire entre l’art et la parapsychologie afin d’en extraire un langage plastique et sensible. Elle vient hanter ce lieu chargé d’histoires et d’énergies ayant connu au cours des époques des mutations tant sur le plan architectural que fonctionnel. Construit au XIVe siècle, son histoire est étroitement liée à celle des femmes dans notre société. Couvent dès la fin du Moyen-Âge, s’y succèderont trois communautés de religieuses : les Sœurs de Saint-Gilles, les Visitandines et enfin les Ursulines. En 1804, l’édifice devient une prison, les « femmes condamnées à la gêne, à la détention et aux condamnées correctionnelles » y seront affectées. Après de longues années de turbulences causées par une mauvaise gestion et des conditions insalubres, le gouvernement décide en 1934 la suppression de la Maison centrale de détention pour les femmes qui devient par la suite la caserne militaire Grossetti. La Gestapo allemande y installera un centre d’interrogatoire des résistants. L’édifice est finalement acquis en 1986 par la Ville de Montpellier. En 1994, la chorégraphe Mathilde Monnier mène le projet de création d’un Centre chorégraphique concrétisant les souhaits de Dominique Bagouet, qui fut avant sa disparition un acteur majeur de son développement. En 1997, l’édifice devient officiellement un lieu de création, de recherche et de formation spécifique pour la danse contemporaine.

Imbibée de ces événements, La chambre d’écho se mue en un espace transhistorique où cohabitent les traces du passé : celles de l’histoire du lieu et celles de l’investigation nocturne, introspective et physique menée par les chasseuses de fantômes et Geoffrey Badel. Cristallisée au sein de l’initiation collective, de la réunion autour des marges et des images, l’exposition devient le théâtre sensible de l’expérience parapsychologique où se brouillent à la fois les convictions du collectif La Nuit Du Chasseur (Recherches sur l’Invisible) et la mise en scène de l’acte performatif. De ces contextualités déplacées subsistent des historicités à la fois écrans du passé et preuves d’un Ailleurs potentiel. Elles échappent à la spectacularité à laquelle elles sont historiquement soumises, à celles qui ont longtemps peuplé la traduction des phénomènes paranormaux relatés dans les récits de possession de femmes analysés par Michel de Certeau dans La possession de Loudun. Agissant comme un double du réel, l’espace d’invocation de l’exposition sonde les perceptions et tente ainsi d’ouvrir la voix : comment incarner l’invisible au-delà de toute reformulation de l’histoire fantasmée ?

— Laureen Picaut

Distribution et mentions

Vidéo, photographie, dessins : Geoffrey Badel | En collaboration avec Laetitia, Laetitia (alias Chou), Manue et Vonette du collectif La Nuit du Chasseur (Recherches sur l'Invisible) | Cadreur vidéo : Félix Mazard, Johan Garcia |Remerciements à Clarissa Baumann, Rostan Chentouf, Géraldine Corréas, Julie Fourau, Valérie Gauthier, la compagnie Futur Immoral, le Collectif In Extremis, l’équipe technique de MO.CO. ESBA (Thierry Guignard, Montse Prats, Rémi Reymond), l’équipe technique d’ICI—CCN (Thierry Cabrera, Marc Coudrais, Rémy Jabveneau, Jean-Christophe Minart), Nina Berclaz, Daniel Lühmann, Camille Navailles, Romain Oudin, Laureen Picaut, Christian Rizzo, Philippe Serrano, Caroline Vachet-Delmas et aux fantômes du lieu

Production : Région Occitanie / Pyrénées-Méditerrannée | Coproduction : ICI — centre chorégraphique national Montpellier – Occitanie / Direction Christian Rizzo

Ressources autour de l'exposition

Exposition From a speck of dust to strange things de Geoffrey Badel

Samedi 26 septembre > Vendredi 20 novembre 2020

— La chambre d'écho