Biographie

Mathieu Bouvier

Conférence

— dans le cadre de la Carte blanche à Vincent Dupont

Conférence sur le proscénium de Mathieu Bouvier

Vendredi 22 novembre 2019 - 18:00 > 19:00

— Studio Bagouet, ICI—CCN [entrée libre]

Chercheur, dramaturge et artiste visuel, initiateur avec le chorégraphe Loïc Touzé d’un projet au long cours intitulé Pour un atlas des figures, Mathieu Bouvier explicite par l’étymologie l’espace de représentation dont les codes et les lisières nourrissent la pratique chorégraphique de Vincent Dupont. Les grecs appelaient skené le lieu de l’invisible (nos actuelles coulisses) où se jouaient les événements ob-scènes de la tragédie. Sur le proscénium, longue estrade placée au-devant de la skené, les voix des acteurs projetaient des visions.

Note d'intention de Mathieu Bouvier

Ce que les grecs appelaient théatron (θέατρον), c'était le lieu d'où l'on regarde, l'endroit depuis lequel une assemblée citoyenne était conviée à "voir ensemble". Autrement dit, les gradins. 
Ce que les grecs appelaient la skené (σκήνη), c'était le lieu de l'invisible. Un bâtiment au fond du plateau, percé de trois portes pour les entrées et les sorties. Autrement dit, les coulisses. La skené servait à dérober au regard les événements ob-scènes de la tragédie : les crimes de sang y étaient commis hors de la vue du théatron. On entendait un cri ou une clameur venir de la skené. On n'avait rien vu, mais on savait. On était voyants, ensemble. 
Ce que nous appelons aujourd'hui la scène, les grecs l'appelaient le proskenion (προσκήνιον) : c'était une longue estrade placée au-devant de la skené, autrement dit le lieu de l'apparition et de la parole (logeion, λογεῖον) : sous les masques, les acteurs ventriloquaient le mythe. Leurs voix projetaient des visions.